POURQUOI IL FAUT EN FINIR AVEC « L’ENGAGEMENT »

« Mobiliser la catégorie de l’engagement comme si elle était en soi l’indice d’une valeur ou d’un positionnement, c’est une façon de ne pas situer politiquement l’action dont il est question, tout en faisant mine de la positionner sur le plan moral. C’est une façon d’en dire le moins possible sur les arbitrages, les prises de position, les choix qui sont faits.

Crier à l’engagement sur tous les toits sans préciser la nature de l’engagement, définir les actions des un-es et des autres par l’étiquette « engagé-e » sans qualifier les faits, ça ne rime donc à rien. C’est un peu comme de saluer une personnalité très connue pour… sa célébrité : on tourne en rond. […]

La rhétorique de l’engagement se traduit par une utilisation de la catégorie d’engagement à tout bout de champ, elle brandit l’engagement comme on brandirait le drapeau de la morale. L’utilise comme une caution éthique. Cette usurpation n’est pas convaincante. Être engagé-e ne signifie pas « faire le bien », je peux être méticuleusement engagée dans une entreprise de destruction systématique. […]

Enfin, on se martèle une chose : tout est politique, toute action m’engage.
Le sujet n’est pas de savoir si je suis politique, mais pour quel camp je joue.
La question n’est pas de savoir combien je suis engagée, mais à quel camp je donne mon énergie et ma force de travail. »

F R U S T R A T I O N M A G A Z I N E
DÉCRYPTER UNE NOTION GALVAUDÉE

F R U S T R A T I O N M A G A Z I N E
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QUI DÉPOLITISE QUI ?

« Descendre dans la rue et revendiquer la prise en considération de la parole citoyenne n’aurait donc rien de politique ? Plus encore, la revendication « apolitique » des mouvements apparaît comme une garantie de leur sérieux ou de leur intégrité. Cela traduit une préoccupation majeure : celle de s’éloigner des partis politiques manifestement caducs et des institutions toujours plus défiées. De l’autre côté, la dépolitisation semble s’imposer comme la mesure de l’essoufflement démocratique.

Alors comment comprendre ces circonvolutions entre la « politique politicienne » ou partisane d’une part, et la plume et le bitume d’autre part ? Les revendications apolitiques sont-elles vraiment le signe d’une dépolitisation et avec quoi cherchent-elles à rompre ? »