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DÉCRYPTAGE

LE DESIGN N’EST RIEN, TOUT EST DESIGN

Le design oblige à un effort conceptuel particulier dans la mesure où cette catégorie n'a jamais su imposer de consensus autour de sa définition.

Pourtant, du design thinking au design graphique en passant par ses mille et une déclinaisons (design de politiques publiques, design capillaire, etc.), le design est partout. Il est présenté çà comme une fin en soi, là comme une réponse en tant que telle. En témoigne le titre d’un numéro de Télérama : Le design peut-il changer le monde ? (Hors-série, 2021).

Cet article a cherché à y voir plus clair : « Pour autoriser un tel niveau de déclinaison terminologique, il doit y avoir un loup quelque part. »

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RÉCIT

LE TEMPS DES UNS, ET LE TEMPS DES AUTRES 

« Comment articuler, d’une part, la nécessité de penser à long-terme avec, d’autre part, les urgences écologiques, qui sont autant de couteaux sous la gorge ?

La question a été posée et déclinée à travers de vastes domaines et de nombreux objets : la comptabilité écologique, les formes de militantisme ou les transformations numériques. La question du retard, les évolutions du tourisme ou de la mode. […]

La nuit tombe, les basses résonnent, quelques gouttes de pluie. Personne à effrayer. L’audace redouble et la prairie du canal n’est plus qu’un purgatoire rythmé par des danses de moins en moins timides.»

Un récit en trois temps : Que nous est-il permis d’espérer ? Entrer dans l’arène politique : où est le pouvoir ? Un esprit sain dans un corps sale ?

En compagnie de Julia Cagé, Kate Raworth, Jean-Baptiste Fressoz, Arnaud Bontemps, Flore Vasseur, Abdelaali El Badaoui, Binetou Sylla, Alexandre Monnin, Hélène L’Heuillet, Sarah Durieux Peter Koenig, Bianca Wylie Yves CItton, et bien d’autres.

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RAPPORT

 UNE RHÉTORIQUE DE L’INDÉFINITION ET UNE CULTURE DE L’INFORMEL EN PROIE À LA NOSTALGIE D’UNE FOUGUE PASSÉE

Après six mois de stage au sein de l’organisation, une analyse du fonctionnement, des éventuelles incohérences et impasses dans lesquelles une organisation peut se retrouver. Mise en perspective au regard de son histoire et de son discours.

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ENTRETIEN AVEC LE PHILOSOPHE ALAIN DENEAULT 1/2

 NOTRE LIBERTÉ CONSISTE DANS LE CHOIX DES MOTS QU’ON UTILISE

Que vous inspire le recours incessant à des adjectifs tels que “vert”, “responsable”, “durable”, “éthique”, notamment lorsqu’on parle de capitalisme, de consommation ou de croissance ?

A. D. : Dans les exemples que vous citez, l’utilisation des adjectifs vise tout simplement à nous distraire des substantifs que sont le capitalisme, la croissance ou la consommation, alors que ce sont des termes qui sont forts et qui ne requièrent pas l’ajout d’un adjectif. Dans un autre genre, quand on dit d’une révolution qu’elle est numérique, créative, ou managériale, l’esprit va avoir tendance à se fixer sur le qualificatif, plutôt que sur le nom : la révolution.

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ENTRETIEN AVEC LE PHILOSOPHE ALAIN DENEAULT 2/2

La mondialisation est une oeuvre de colonisation

« Bande de colons, votre dernier ouvrage, porte sur la figure du colon au Canada. Est-ce que cette figure nous permet de comprendre les processus de dépolitisation en cours aujourd’hui ?

A. D. Ce qui m’a incité à écrire ce livre, c’est que beaucoup de gens au Québec se présentent comme des colonisés et sont en même temps décrits comme des colonisateurs. En réalité, ils sont entre les deux : ils sont à la fois les descendants de français qui ont colonisé le Canada, puis qui furent eux-mêmes “colonisés” par les britanniques. Ce qui les caractérise, c’est qu’ils n’ont pas vraiment de responsabilité au sens fort. Le colon est une figure qui se vit comme un électron libre, sous une forme dépolitisée. Il se voit tantôt du côté des puissants et tantôt du côté des faibles en fonction des convenances. Il se situe très mal lui-même. Il est le médiocre par excellence : il se conforme à des règles qu’il n’a pas lui-même déterminées en vue de petits avantages, tirés en fonction de ce qu’il devine être les attentes des puissants, en esquivant toujours tous les obstacles qui risquent de le  faire basculer dans une position qui ressemble à celle des dominés, même si pour des raisons racistes il ne sera jamais totalement assimilé à eux. […] »

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RAPPORT

LE DISCOURS DE LA PRÉCARITÉ ÉNERGÉTIQUE : UNE RHÉTORIQUE DE DÉPOLITISATION

À partir d’un expérimentation menée à Roubaix et réunissant les différents acteurs de la précarité énergétique (habitant-es concerné-es, associations locales, collectivité territoriale, artisans), ce travail a vocation à documenter l’expérimentation et à permettre une prise de recul. Il propose une réflexion sur les freins à la rénovation thermique, avant de se focaliser sur un certain discours, qu’il analyse, en montrant comment la compartimentation des précarités et l’approche techniciste du sujet empêchent de s’attaquer au problème de la pauvreté de façon structurelle. 

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ARTICLE

EXPERTS PARTOUT, EXPERTISE OÙ ÇA ?

Une série d’articles pour développer le Manifeste de Ouishare. 1/3

Développer les propos du Manifeste pour présenter Ouishare, son mode de fonctionnement, ses exigences et ses horizons.

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ARTICLE

LES TERRITOIRES, ON LES HABITE OU ON LES QUITTE

Une série d’articles pour développer le Manifeste de Ouishare. 2/3

« Qu’indique-t-on, quand on dit d’une maison qu’elle n’est pas « habitée », ou d’une personne qu’elle est « habitée » par quelque chose ? Quelle différence entre les déclarations « j’habite à Paris »,  « j’habite Paris » et  « je suis logé.e à Paris » ? Quel écart entre les formes transitive et intransitive du verbe ? 

Je peux habiter à Paris sans que cela ne soit constitutif de mon identité. Quand “j’habite à Paris”, j’entretiens un rapport distancié, extérieur à cette ville. Mais si “j’habite Paris”, c’est bien la ville que j’habite. “Je l’habite” - et non pas “j’y habite”. Dans Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique, Mona Chollet reprend à son compte la distinction d’Ivan Illich entre « habiter » et « être logé ». Et le penseur de déplorer : « Nous perdons l’art d’habiter, on loge maintenant ! ». On peut remarquer le caractère passif du logement (« être logé »), là où l’habitant est actif : il habite sa maison, sa commune, sa ville. Il la transforme, la subit parfois, il parle d’elle, participe à son attractivité, à son caractère inclusif, au confort qu’elle propose, aux mobilités qui la traversent. Il est un élément constitutif des dynamiques de sa ville. […] »

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ARTICLE

HÂTEZ-VOUS LENTEMENT !

Une série d’articles pour développer le Manifeste de Ouishare. 3/3

« Se précipiter, c’est prendre le risque de passer à côté des racines du problème traité. Aller trop vite, c’est risquer de confondre symptômes et origines. Le réchauffement climatique est une urgence, mais se ruer sur de nouvelles applications mobiles n’est pas forcément la clé. La mauvaise isolation de nombreux bâtiments est un sujet brûlant, mais débloquer des fonds sans se soucier des relations entre les technicien.ne.s et les habitant.e.s, c’est passer à côté de certains aspects du problème, et ainsi multiplier les situations de non recours.

Comment avoir un impact positif ? On entend souvent parler de mesure d’impact. Cette expression directement issue de l’anglais n’est pas neutre : un impact, cela désigne en français la collision entre deux corps. Par extension, on parle d’un choc : la chute d’un cailloux entraîne un impact sur le pare-brise. C’est rapide, visible. Il y a un véritable changement à court-terme. Voilà ce qui est aujourd’hui valorisé et recherché : avoir un impact fort, entraîner une transformation tangible et presque instantanée. […] »